Le Syndicat Autonome de la Fonction Publique Territoriale de La Réunion tient à dénoncer les récents propos colportés par des responsables publics dans un contexte de crise internationale, nationale et locale. Des propos qui s’apparentent malheureusement à un état d’esprit que l’on croyait révolu et qui nous font rappeler les heures sombres du colonialisme, où les populations locales étaient infantilisées, méprisées et moquées.
Représentant la société civile, nous tenons à condamner fermement les propos tenus qui stigmatisent les Réunionnais. Il y a eu tout d’abord ceux de la directrice de cabinet du préfet qui s’est cru bon de déclarer que les hôpitaux de La Réunion n’appartiennent pas aux Réunionnais mais à la France.
Celle-ci, reconnaissant son écart de langage s’est fendue d’un communiqué d’excuses.
Il est scandaleux de voir un représentant de l’État français opposer les réunionnais à la France.
Cela est-il la position officielle de la France dans cette affaire ?
Si non, le gouvernement devra prendre ses responsabilités.
De même, Jean Paul Virapoullé, ancien sénateur maire, actuel vice-président de la Région et par ailleurs président du conseil de surveillance du CHU de La Réunion, a méprisé de manière indigne les Réunionnais, qui pour lui ne sont pas « disciplinés ». Ces propos, empreints de paternalisme mal placé et de condescendance tendent, dans le même sens, à masquer les responsabilités des décideurs locaux et nationaux sur leur manque d’anticipation et l’absence de mesures préventives prises depuis le début de la pandémie.
Alors que l’île de Mayotte était, depuis quelque mois, durement atteinte par la propagation du virus, la sous dotation en lits de réanimation était largement connue depuis le début de la crise, de même qu’à La Réunion.
Le traitement dont fait l’objet nos territoires révèle également l’échec flagrant de l’État en matière de gestion des politiques migratoires (gestion flux d’entrée et de sortie) et de son incapacité à travailler sur ces questions avec les décideurs réunionnais et mahorais démunis face aux immenses attentes d’une population fragilisée et en perte de repère. Ainsi, on constate deux poids et deux mesures dans les politiques publiques.
D’une part le traitement privilégié accordé aux hauts fonctionnaires et cadres originaires de métropole occupant les postes les plus importants et d’autre part une émigration au rabais pour nos jeunes vers la France métropolitaine. Il en est de même pour l’absence de politique publique efficace pour lutter contre la délinquance juvénile à Mayotte, conséquence d’une décolonisation tronquée de l’archipel des Comores et condamnée par les instances internationales.
Face à autant de défis, il serait irresponsable de stigmatiser les uns et les autres mais de trouver ensemble, de manière constructive, les voies et moyens de consolider le vivre ensemble réunionnais et d’envisager un avenir commun des Français de l’océan Indien. Plus que des propos inquisitoires, nos deux îles et leurs habitants ont besoin de respect et de prise de responsabilité au plus près de leurs préoccupations.
Comme le disait Nelson MANDELA : « ce qui se fait pour nous mais sans nous, se fait contre nous ».
Le Bureau du SAFPTR