Suite à l’interpellation et la mise en garde à vue sans motif valable d’un de ses militants à Saint-Louis (Réunion), l’intersyndicale SAFPTR-CFDT vient de demander dans le cadre d’un courrier adressé au Ministre de la Justice le rétablissement des « libertés fondamentales » et les « droits fondamentaux garantis par la Constitution.
Le militant syndical Wilson ADRAS avait été interpellé le 3 septembre puis placé 10 heures en garde à vue alors qu’il manifestait de manière pacifique avec des employés municipaux qui défendaient leurs emplois.
L’intersyndicale estime que cette opération constitue un acte d’intimidation fomenté par la maire de la Ville soutenue sans réserve par les services de l’Etat.
Cette manifestation faisait suite à une grève « illimitée » débutant le 2 septembre. Finalité : obtenir des garanties pour l’emploi des travailleurs municipaux dont seuls 35 % sont titulaires.
La Réunion constitue ainsi la seule exception sur tout le territoire français. Partout ailleurs, notamment dans les autres Dom et à Mayotte, 80 % des employés bénéficient de la garantie de l’emploi et sont titulaires.
139 employés risquent actuellement le licenciement.
Explications en détail
Syndicaliste appréhendé sans motif légitime : « la Réunion est le territoire le plus inégalitaire de la France ». La citation émane de d’Annick Girardin » Ministre des Outre-Mer du Gouvernement précédent.
Elle évoquait la situation de pauvreté dans laquelle vit la population réunionnaise : plus de 45 % des insulaires vivent sous le régime de la pauvreté. La même phrase vient d’illustrer le déficit de démocratie qui règne dans ce département.
Un syndicaliste a été récemment placé en garde à vue, puis relâché au bout de 10 heures, sans qu’aucun grief ne lui soit finalement signifié. Son crime : avoir symboliquement manifesté devant la cuisine centrale de Saint-Louis et en avoir temporairement barré l’accès.
Cette opération s’inscrit dans une action menée par l’intersyndicale SAFPTR-CFDT. En cause, la précarité de l’emploi de nombreux agents municipaux. Seuls 35 % d’entre eux bénéficient de CDI ou sont titulaires alors que, dans l’ensemble des territoires français, le taux s’élève à 80 %.
A Saint-Louis, l’intersyndicale a donc décidé de faire entendre sa voix en déclenchant une grève le 2 septembre. Initiative qui visiblement n’a pas été du goût de Mme Juliana M’Doihoma, maire de la Ville. Pour sa part, elle se retranche derrière « une instrumentalisation politique du mouvement ». Sauf que la précarité dans laquelle se trouvent les employés est bien réelle !
L’intersyndicale proteste bien entendu contre l’interpellation du militant syndical, Wilson Adras, mais elle s’interroge aussi sur la connivence entre cet édile et les représentants de l’État.
Le leader du syndicat du Syndicat autonome de la Fonction publique territoriale de La Réunion (SAFPTR), Jean-Pierre Lallemand, dénonce une « arrestation arbitraire » inconcevable dans un État de droit.
Les images de l’arrestation diffusées sur le Net démontre de manière incontestable que rien ne justifie l’arrestation du militant. Il n’y a eu de sa part ni provocation, ni insultes, ni agression. Pourtant il a été jeté par terre et s’est retrouvé dans un fourgon, puis en cellule.
L’embarras des gendarmes semble évident. Tout porte à croire qu’ils ont reçu l’ordre de procéder à l’interpellation coûte que coûte.
A la Réunion, on n’aime visiblement pas les syndicalistes, même peu turbulents. Au point de placer 15 camions de gendarmerie face à une manifestation pacifique et d’interpeller son leader.
Le but est évidemment de casser la grève et d’impressionner les militants. L’équilibre des forces n’est pas le même qu’en métropole. Là-bas, le maire est le maître et l’État, vraisemblablement pour des raisons de paix sociale, soutient cet équilibre au détriment des règles démocratiques.
Face à cette situation, l’intersyndicale a fait appel au soutien de Maître Jean-Christophe Molière, avocat au barreau de Saint Denis (Réunion). Elle a également décidé le solliciter le Ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti.
Elle dénonce une « atteinte aux libertés syndicales et individuelles » à la Réunion qui « va à l’encontre des droits syndicaux garantis par la Constitution » et réclame la « fin des actes d’intimidation et de pression exercés par les forces de l’ordre sur nos adhérents, sympathisants et responsables ».
Par ailleurs, l’intersyndicale n’exclut pas le dépôt d’une plainte pour arrestation abusive.
LE BUREAU DEPARTEMENTAL DU SAFPTR